Lili miracle

Couverture d’ouvrage : Lili miracle
Éditions :Livre : 17,00 €
ISBN : 978-2-49002-100-0
Pages : 300

« Se réveiller dans la musique du chant des oiseaux et en ouvrant les yeux, embrasser les couleurs du monde ! À la première inspiration, patauger dans des odeurs de foin ! Entendre les battements de votre propre cœur palpiter dans la poitrine fantastique des aurores ! A chaque instant mordre la chair croustillante et délicieuse de l’existence ! Se désaltérer de son miel débordant ! Sucer la sève onctueuse et les sels de sa peau ! Lui appartenir ! Se sentir en elle ! Être elle !

Il n’y a de bonheur comparable à la naissance des jours.

J’ai mis ce réveil en parallèle avec ceux que nous imposait, le restant de l’année, la sonnerie électronique nous poussant du côté de l’école. Les « bip-bip-bip… bip-bip-bip… bip-bip-bip… » incessants et infernaux du réveil qui nous arrachaient les tympans cinq fois par semaine.

Éditeurs :
Artistes de couverture :
Genres :
Extrait :

C’est ce matin-là que j’ai pris ma décision, définitive, irrévocable. J’y avais déjà songé la veille alors que nous étions encore allongées sous la meule de pâturin, mais la venue imprévue de Cornélius cherchant Galipette avec sa flûte enchantée, m’avait écartée de mes pensées. Ce matin, celles-ci revenaient avec force et conviction, et désormais rien ne pourrait plus jamais me faire changer d’avis.

Immédiatement, j’ai décidé de mettre Lilie au courant. Cette grande nouvelle risquait fort de chambouler nos existences communes, de modifier la face cachée de la lune et l’avenir du monde. Mais j’étais décidée. Je l’ai secouée doucement :

— Lilie, réveille-toi. Lilie.

LIRE LA SUITE

Entre deux mèches de cheveux charbon ses cils ont cillé, et en dessous ses petites perles de nacre bleue dans leurs coquilles de paupières se sont éclairées. Mon ange s’est étiré avant de m’offrir, encore ensommeillée, son premier sourire de la journée.

Il m’arrivait parfois d’oublier combien j’étais une privilégiée. J’aurais pu devenir joaillière en ce temps-là. Sertir chaque sourire de ma petite sœur comme une pierre précieuse. Avoir une bague à chaque doigt. J’aurais pu.

— Lilie, j’ai une idée. Lil...

— On a dormi longtemps ?

— J’sais pas !

— Pourquoi tu m’réveilles ?

— J’ai une idée, j’te dis !

— Ah.

— Écoute !

J’ai levé la main droite au dessus de ma tête et pointé l’index vers le plafond de la grange. Et je suis restée dans cette position, le doigt en l’air, immobile, reliée à mes ondes transcendantales comme un poste radio à ses hautes fréquences, peut-être bien... une minute ou deux.

Lilie, qui commençait à s’habituer aux tours de magie, ne bougeait pas, attentive, s’imaginant sans doute qu’allait se produire une chose extraordinaire. Elle me regardait, dubitative, encore à peine réveillée. Et comme rien d’extraordinaire (au sens où l’entendait ma petite sœur) ne se produisait, elle a fini par craquer :

— Qu’est-ce que tu fais ?

— On attend.

— Quoi ?

— Chut ! Écoute.

Silence général.

— J’entends pas.

— Ecoute, j’te dis.

— J’entends rien !

— Mais si ! Ecoute ! Les oiseaux ! Tu les entends pas ?

— Si !

— Tu trouves pas que c’est joli ?

— Si !

— On dirait qu’ils font de la musique.

— Ils disent quoi, dans leur musique ?

— Je sais pas. Mais c’est joli.

— Alors, c’est quoi ton idée ?

— Eh ben... quand on s’ra grandes, si tu veux, on aura une maison au bord d’un ruisseau.

— Une comme la maison d’Alice ?

— Oui. Avec des arbres autour et des oiseaux qui joueront de la musique rien que pour nous. Tu veux ?

— À Arguel ?

— Oui, au bord de la Pisseuse. Ce serait bien, tu trouves pas ?

— Si. Comme ça, on pourra voir Alice et Flop.

— T’es contente ?

— Woui. Mais…

Ma petite sœur aussitôt se rembrunit.

— Quoi ?

— Papa et maman, y seront où ? À Paris ?

— Ben... non, on les emmènera aussi avec nous.

— C’est ça, ton idée ?

— Oui. Elle te plaît ?

— Woui. Mais… et Simone, et Cornélius ?

— On les emmènera aussi.

— Et Chouchourse, elle viendra aussi ?

— Bien sûr.

— On fera quoi, après ?

— Ben… je sais pas. On verra. On aura tout le temps d’y réfléchir.

— Moi, j’voudrais que tu m’racontes tout l’temps tout plein d’histoires !

— Je t’en raconterai autant que tu voudras.

— Tous les jours ?

— Promis !

— Alors, j’suis d’accord. »

 

REGROUPER

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *